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LA VIE DE JÉSUS

Et il ajouta, en s’adressant à ceux qui étaient présents :

— Ôtez-lui sa mine et donnez-la à celui qui a su en faire produire dix.

Quelqu’un fit alors observer que ce mauvais serviteur n’était pas aussi naïf qu’il s’en donnait l’air, et que sa mine lui avait rapporté au décuple. Sur quoi, le monarque ordonna qu’il fut étranglé.

La conclusion de cette parabole fut d’une violence extrême (nous savons que Jésus enlevait parfois son masque de douceur).

— Je vous déclare, dit-il à ses disciples, qu’il sera donné à tous ceux qui ont déjà, et ceux qui possèdent seront mis par moi dans l’abondance. Quant à celui qui n’a rien, il lui sera ôté ce qu’il n’a pas (textuel). Enfin, pour ce qui concerne mes ennemis qui ne veulent pas que je règne sur eux, je vous commande de les amener ici. J’ordonne qu’on les égorge en ma présence ! (Luc, XIX, 11-27).

Remarquons, en passant, que cette parabole est en complète contradiction avec ce que Jésus venait de dire la veille relativement au mépris des richesses. En outre, n’oublions pas que sa grande colère contre ceux qui ne voulaient pas de lui pour roi, ne produisit aucun résultat. Pas un apôtre ne bougea, et personne ne fut égorgé.

De là, Jésus alla, tout d’une traite, à Béthanie, où l’attendaient la Magdeleine et Marthe. Il dîna chez un lépreux, du nom de Simon. Au dessert, la Magdeleine lui cassa sur la tête une cruche d’albâtre pleine de parfums rafraîchissants ; c’était sans doute pour le calmer. L’Évangile nous dit qu’il y en avait bien pour trois cents francs.

Judas Iscariote, qui était le comptable et le caissier de la bande, déplora cette perte d’essences précieuses. Avec la somme qu’elles représentaient, on aurait pu distribuer trois cents deniers aux pauvres de la ville. Telle est, du moins, l’opinion qu’il exprima.

Mais Jésus, qui était très flatté de l’attention galante de sa maîtresse favorite et qui pensait que sa tête méritait bien trois cents deniers d’huiles odorantes, releva vivement Judas Iscariote qui se permettait de faire des observations et de chagriner la Magdeleine. (Matthieu, XXVI, 6-13 ; Marc, XIV, 3-9 ; Jean, XII, 1-11.) Il est même à présumer que le soir Jésus témoigna autrement qu’en paroles, à la jolie gourgandine, toute la reconnaissance qu’il éprouvait.