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LA VIE DE JÉSUS

de son châtiment. Jésus, lui, même sur le Golgotha, n’est que burlesque. Il n’y a été, à mon avis, que dans l’imagination des prêtres ; car le prêtre est le seul personnage réel de la religion, comme les pièces de cent sous que les badauds donnent au curé pour lui faire dire une messe, sont tout ce qu’il y a de plus clair dans l’émouvante question des tortures endurées par les âmes du purgatoire. Ne plaignons donc pas l’être mythologique de Nazareth, qui, au dire même de la fable catholique, n’a souffert que parce qu’il l’a voulu et comme il l’a voulu, et réservons notre pitié pour les souffrances authentiques des malheureux en chair et en os que nous rencontrons à chaque pas de la vie matérielle.

Cela dit, abordons sans plus tarder le sujet le plus invraisemblable de la légende chrétienne.

On était à Jérusalem en pleine pâque. Les juifs s’étonnaient de ne pas apercevoir Jésus au Temple comme ils l’y avaient rencontré les années précédentes.

— Où est-il ? se demandait-on.

Les gens qui se prétendaient bien renseignés, disaient :

— Il est à la maison des dattes.

Ou bien :

— Il est à la maison des figues vertes.

(Béthanie, en hébreu, signifie maison des dattes ; Betphagé, maison des figues vertes.)

— Que peut-il bien faire à la maison des dattes ?

— Il emploie ses journées à ressusciter les morts ; par exemple, son ami Lazare, qui avait passé l’arme à gauche il y a quelque temps, et qu’il a fait sortir vivant du sépulcre, bien qu’il fût déjà bien endommagé par les vers.

— C’est une noble occupation ; faudra aller voir ça.

Et, sitôt la journée du sabbat finie, quelques-uns se rendirent, qui à Béthanie, qui à Betphagé.

L’évangéliste Jean nous apprend que les curieux, qui furent à Béthanie, constatèrent que Lazare était frais et joufflu comme s’il n’avait jamais été mort. Ces curieux-là avaient-ils constaté, auparavant, le trépas du bonhomme ?… L’évangéliste oublie de nous le dire.

Quoi qu’il en soit, cette constatation procura bien de la joie aux juifs venus de Jérusalem, et elle rendit littéralement furieux les sanhédrites.

— Il n’y a qu’un moyen d’en finir avec toutes ces histoires, fit un pontife ; c’est de tuer le ressuscité.

Ils s’y résolurent, mais d’autres soins occupèrent leurs esprits ; car de Béthanie le bruit vint à Jérusalem qu’au jour suivant Jésus entrerait dans la ville. Cela était plus grave.

Le lendemain, en effet, Jésus quitta la maison de Simoa, son hôte, embrassa beaucoup la Magdeleine et Marthe la résignée, serra les phalanges à l’ami Lazare, et prit le chemin qui menait