Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
302
LA VIE DE JÉSUS

— Ça, par exemple !…

— Ce que j’ai dit, Pierre, je le maintiens.

Pierre ne trouva plus rien à riposter et courba la tête. Il se promit seulement de montrer au patron qu’il se trompait joliment sur son compte et qu’il l’avait jugé très mal. Jésus demanda encore à ses apôtres :

— Quand je vous ai envoyés par les montagnes de la Galilée, sans sac, sans bourse, sans chaussures, vous a-t-il manqué quelque chose à part ça ?

— Rien, Seigneur.

— Eh bien, maintenant, que celui qui a un sac ou une bourse les prenne ; que celui qui n’a rien vende tout, jusqu’à son vêtement, pour pouvoir acheter une épée ; car il va y avoir du grabuge. C’est pour le coup, à présent, que la prophétie d’Isaïe va se réaliser !…

— Quelle prophétie ?

— Celle où il est dit que le Messie sera mis au rang des scélérats.

— N’ayez crainte ; nous sommes en mesure de vous défendre. Voyez, nous avons deux épées.

— Oh ! c’est bien plus qu’il n’en faut.

Et il ajouta :

— Maintenant, en voilà assez. Allons prendre l’air. (Matthieu, XXVI, 21-29 ; Marc, XIV, 18-25 ; Luc, XXII, 19-23 ; Jean, XIII, 23-38.)

CHAPITRE LVIII

QUAND LE VIN EST TIRÉ, IL FAUT LE BOIRE

— Maintenant, allons prendre l’air, avait dit Jésus.

Les disciples sortirent avec le Maître. Il faisait un temps superbe. L’Oint prit la route qui conduisait à la montagne des Oliviers.

En chemin, il s’entretenait avec ses apôtres. Tandis qu’il leur parlait beaucoup de son père qui était aux cieux, Philippe, qui était curieux comme une pensionnaire de couvent, lui demanda :

— Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen de le voir, ce père, au sujet duquel vous causez tant ?

— Regarde-moi, Philippe, dit Jésus.

— Bien, Seigneur, je vous regarde.

— Et qui vois-tu ?

— Bédame ! c’est vous que je vois.