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LA VIE DE JÉSUS

mémoire des physionomies. Il reconnut Marion et Joseph du premier coup d’œil, et, quand on lui présenta le petit Jésus, il s’écria en mi bémol :

— Maintenant je puis tourner de l’œil ; cela m’est égal, puisque je viens de voir celui qui sera le salut d’Israël !

Et, comme il était en veine d’improvisation ce jour-là, il ajouta en s’adressant à la maman-vierge :

— Pour ce qui vous concerne, la petite mère, vous n’avez pas autant de chances que votre fils : lui, il sera glorifié par tout notre peuple, tandis que vous, vous aurez le cœur percé par son glaive.

Admirez un peu comme c’est beau, une prophétie.

Siméon prédit à Marie qu’elle aura le cœur transpercé et que Jésus, par contre, sera l’enfant gâté de la nation. Or, la maman n’a jamais eu le cœur percé, et c’est précisément au fils que le peuple juif a infligé ce supplice. Eh bien, interrogez le premier calotin venu, et il vous dira, je vous en réponds, que la prophétie du père Siméon s’est parfaitement réalisée en tous points.

Ce qui prouve que rien n’est aussi facile que d’interpréter les discours des diseurs de bonne aventure. Pour peu qu’on y mette de la complaisance, on peut toujours arriver à se convaincre qu’ils avaient raison.

CHAPITRE IX

UNE ÉTOILE MIROBOLANTE

Vers cette époque, de nombreux petits royaumes se trouvaient dans l’extrême Orient, et ces royaumes étaient gouvernés par des monarques qu’on appelait « mages, » parce qu’ils s’occupaient de magie, d’astrologie et autres sciences du même acabit.

Trois de ces rois mages, notamment, étaient liés d’amitié ; ils quittaient leurs états et allaient à tour de rôle, chez l’un d’eux, se livrer à l’étude de leurs grimoires.

Les évangélistes ne connaissaient pas les noms de ces trois savants monarques ; mais saint Bède, un vieux moine anglais, qui vivait au huitième siècle, en a eu la révélation, et, grâce à lui, tout le monde catholique les sait aujourd’hui par cœur.

Ils s’appelaient donc : le premier, Melchior ; le second, Gaspard ; et le troisième, Balthazar.

Saint Bède, qui en connaît plus long là-dessus que les quatre évangélistes ensemble, nous donne encore bien d’autres ren-