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CINQUIÈME PARTIE

MERVEILLES À HUIS CLOS


CHAPITRE LXVI

COMMENT ON DÉCROCHE UN PENDU

Amis lecteurs, j’aime à penser que vous n’avez pas oublié Nicodème, ce scribe amusant qui alla de nuit faire la causette avec Jésus et qui s’en revint à son domicile sans avoir acquis la certitude que le fils de Marie était dieu.

Nicodème flottait entre le oui et le non. Dans les séances du Sanhédrin, il ne se décida jamais ni pour ni contre messire Christ, gardant une prudente réserve.

La grande danse du globe terrestre, dans la journée du vendredi précédant la Pâque, mit un terme à ses perplexités. Cette fois, il sut à quoi s’en tenir.

Comme le centurion du Golgotha, il se dit :

— Cet homme était vraiment le fils de Dieu.

Un autre grand personnage partagea la même manière de voir. C’était un puissant sénateur, fabuleusement riche, jouissant d’une influence extraordinaire, nommé Joseph d’Arimathie. Il aurait peut-être pu sauver Jésus de la potence, s’il s’était mêlé d’intercéder en sa faveur. Il ne l’avait pas fait, non par pusillanimité, mais parce qu’il croyait au-dessous de son rang de s’occuper des affaires d’un simple charpentier.

La vue de la résurrection générale des morts le décida à prendre carrément parti pour Jésus. Il était sans doute un peu tard ; mais mieux vaut tard que jamais, dit le proverbe.

Il se rendit auprès de Pilate et lui dit :

— Eh bien, messire, vous avez fait de la jolie besogne…

— En laissant vos compatriotes crucifier Jésus ?

— Oui.

— Pourquoi venez-vous me parler de cela ?

— J’aime à croire que vous êtes maintenant convaincu que vous n’aviez pas affaire à un prévenu ordinaire.