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Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/346

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LA VIE DE JÉSUS

pour venir opérer avec ses drogues et ses ustensiles. Il prépara ses aromates et ses bandelettes, pendant que Nicodème et Joseph grimpaient au Calvaire, où ils pensaient trouver la famille du défunt.

En effet, les trois Marie, dont celle qui était la mère de Jésus, n’avaient pas quitté le pied de la croix ; le petit Jean aussi était toujours auprès d’elles.

Nicodème ouvrit un bec large comme une porte cochère, quand il entendit la conversation de Jean avec Marie de Nazareth. Le disciple bien-aimé lui disait :

— Maman !

Et elle l’appelait :

— Mon petit Jeannot chéri !

Mais l’étonnement de Nicodème ne nous étonnera pas, vu que nous savons que le vieux scribe était absent du Calvaire, quand Jésus donna à sa mère le petit Jean pour le remplacer.

Joseph d’Arimathie aborda le premier le groupe des femmes :

— Madame, dit-il en s’inclinant respectueusement devant Marie de Nazareth, vous ne sauriez croire la part que je prends à la perte cruelle que vous venez d’éprouver.

La mère de Jésus éclata en sanglots. Malgré toutes les avanies que son fils aîné lui avait infligées, elle le préférait à tous ses autres enfants.

— Monsieur, répondit-elle, je vous sais gré d’être venu, dans une circonstance aussi douloureuse, m’apporter ce témoignage de votre sympathie… Mais à qui ai-je l’honneur de parler ? car, en vérité, monsieur, je n’ai pas l’avantage de vous connaître.

— Joseph d’Arimathie, sénateur ! fit l’autre en saluant de nouveau.

Les trois femmes reculèrent d’un pas.

— Pardon, dit la Magdeleine ; mais, si vous êtes sénateur comme vous l’affirmez, nous ne comprenons pas trop les sentiments de condoléance que vous venez nous exprimer. N’êtes-vous pas au nombre des ennemis de Jésus ?

Joseph d’Arimathie s’expliqua et parla également pour Nicodème. Ce qui convainquit tout à fait les femmes, ce fut l’exhibition de l’autorisation accordée par Pilate relativement à la levée du corps.

Nicodème fut, de son côté, très bien vu ; car il était suivi de son embaumeur, et il avait porté de la parfumerie en belle quantité. L’évangéliste Jean, qui assistait à la scène, parle tout tranquillement de « cent livres d’une composition de myrrhe et d’aloès » (XIX, 39) ; cinquante kilogs d’aromates, excusez du peu !

Le sénateur avait amené quelques-uns de ses domestiques avec des échelles, des tenailles, des cordes, du linge, enfin tout ce qu’il fallait pour décrocher de sa potence le fils Bon-Dieu.

L’opération ne dut pas être commode, étant donné que les bourreaux avaient certainement cloué le condamné d’une manière solide. Néanmoins, au dire des curés, on ne s’en tira pas