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Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/40

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LA VIE DE JÉSUS

l’âne s’y trouvaient encore. Quant à Joseph, s’il faut en croire Saint Matthieu, il était absent.

« Les rois, dit le Nouveau Testament, entrèrent dans la pauvre demeure, où ils virent l’enfant avec Marie, sa mère ; et, se prosternant, le front dans la poussière, ils l’adorèrent ; puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent pour présents de l’or, de l’encens et de la myrrhe. ».

Cette offrande des rois-mages m’a toujours plongé dans un abîme de réflexions.

Les écrivains ecclésiastiques nous indiquent en détail quel présent fut fait par chacun des monarques, et l’on doit convenir que d’eux d’entre eux ne se montrèrent pas d’une générosité bien grande.

Melchior ouvrit sa cassette et en donna tout le contenu, qui était de l’or. Gaspard offrit de l’encens, qui ne vaut pas grandchose. Balthazar déposa devant la crèche un peu de myrrhe, sorte de résine odorante ne valant ni guère plus ni guère moins que l’encens.

Pour des monarques venus de si loin, Gaspard et Balthazar se montraient d’une ladrerie inqualifiable. C’était bien la peine d’avoir voyagé durant quatre mois pour se fendre de pareils cadeaux !

De l’encens, si l’on veut encore, c’était chiche, mais cela pouvait avoir un sens flatteur. Gaspard y allait, à bon marché, de son petit compliment.

Mais Balthazar ?… Oh ! ce Balthazar ! quel crasseux !… De la myrrhe ? voilà tout ce qu’il apporte à son Dieu !… Si cela ne fait pas suer des lames de rasoir !…

Et pourquoi faire votre myrrhe, Balthazar ?

Saint Bède nous explique la chose : « La myrrhe, qui était entre les mains du roi nègre, rappelait que le Fils de l’Homme devait mourir. » En effet, on se servait de la myrrhe chez les anciens pour embaumer les morts. Hein ? voilà une attention délicate, voilà une étrenne bien à-propos : de la résine d’embaumeur pour un nouveau-né !

Pour ma part, je me refuse à admettre l’explication de saint Bède : à mon avis, Balthazar était un pingre qui ne dépensait pas des sommes folles quand il se mêlait de payer des cadeaux ; mais je ne lui fais pas l’injure de croire qu’il ait voulu faire au Messie la farce lugubre de lui offrir à sa naissance un accessoire d’enterrement. Voici ce que je pense : la myrrhe, on le sait, est employée par les pharmaciens à la confection, entre autres choses, de cataplasmes destinés à empêcher les bébés de pisser au lit ; c’est donc sans doute dans ce but que Balthazar avait apporté sa résine. J’aime mieux ça !

Quoi qu’il en soit, la cassette d’or faisait passer l’encens et la myrrhe.

Somme tout, le présent de Melchior était vraiment royal. En supposant la cassette de grandeur moyenne, elle devait contenir