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LA VIE DE JÉSUS

Le Verbe était complété par cinq disciples, qui devaient à leur tour lui attirer de nouveaux adhérents.

Ainsi Baptiste, qui précéda Jésus, fut le sujet du Verbe ; les apôtres furent ses compléments. Nous trouverons plus loin la conjonction.

CHAPITRE XIX

COMMENT UN DIEU SE CONDUIT DANS UNE NOCE

Quand le chef eut de la sorte réuni les premiers éléments de sa bande, il se mit en route. Accompagné de ses cinq lieutenants, il se dirigea d’abord du côté de Nazareth. Voyageant sans équipage ni bêtes de somme, ils purent camper la première nuit à Sichem, la seconde à El-Gannim, et de là, traversant la plaine d’Esdrélon, ils atteignirent la ville obscure où demeurait sa famille.

Nos vagabonds — ne l’oublions pas — n’avaient ni sou ni maille : ils avaient, tous les six, abandonné leurs métiers, peu lucratifs, sans doute, mais en somme honorables, et ils s’étaient proposé de vivre désormais aux crochets des imbéciles. Sur leur route, il n’y a pas à en douter, bien des poulaillers furent mis à contribution, et bien des vergers leur fournirent les desserts de leurs repas de bohêmes.

Ils comptaient demander peut-être quelques subsides à leurs amis de Nazareth ; mais, lorsqu’ils y arrivèrent, toute la famille de Jésus était à une noce dans les environs.

— Bien, fit observer le Christ, nous nous invitons à la noce.

Et ils repartirent pour Cana, qui est à une lieue seulement de Nazareth.

Il s’agissait d’humbles artisans qui mariaient leur fille.

En Judée, le mariage était le gros événement de l’existence, et, même dans les familles pauvres, on le célébrait avec un certain apparat.

Quand Jésus survint, flanqué de ses cinq compagnons de vagabondage, la noce était déjà en train. Toutes les cérémonies d’usage étaient accomplies, il ne restait plus que le festin ; mais ce festin nuptial durait souvent plusieurs jours. C’était là, cela va sans dire, la partie essentielle, pour notre bande de pique-assiettes ; ils ne pensèrent donc pas qu’ils arrivaient trop tard.

Ils tombèrent au beau milieu de la fête, à l’heure où venait de finir la procession des fiancés. C’était un mercredi, jour consacré au mariage des demoiselles ; les veuves qui se remariaient avaient pour elles le jeudi.