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LES TROIS COCUS

terai toutes les péripéties de ma soirée, un jour où nous aurons plus de temps… Venons au plus pressé… Je veux absolument savoir quel est ce pompier, dont j’ai pris le costume et qui, par contre, est parti avec ma soutane…

— Romuald, je vous jure…

— Que ce n’est pas un de vos amants ?… D’accord… Il faut donc que vous découvriez en l’honneur de qui il se mouvait hier ici en caleçon et que vous me fassiez connaître son nom et son adresse,..

— Il ne pouvait être là que pour Églantine…

— Votre domestique ?

— Oui… Mais Églantine est une fine pièce… Personne n’a vu filer son pompier… On n’a aucune preuve contre elle… Elle n’avouera pas…

— Diable !… Il faut cependant.

— Vous êtes bon, vous !… Vous vous imaginez qu’il n’y a qu’à dire : il faut…

— Enfin, Marthe, vous comprenez que je ne puis pas aller à l’état-major demander l’adresse particulière du pompier Philéas… Car j’ai entendu prononcer son prénom…

— Et pourquoi n’iriez-vous pas à l’état-major ?

— Avec ça !… Quel motif donnerais-je ?…

— Vous avez l’esprit assez fertile pour imaginer un prétexte…

— Soit ; mais avec le guignon qui me poursuit, je risque de me trouver nez à nez avec le Philéas en question, et, pour peu que ce pompier soit un impie, l’explication fera esclandre dans l’état-major… Non, la situation est trop délicate… Si vous ne vous chargez pas, Marthe, de la dénouer, il faut que vous obligiez votre domestique à venir se confesser à moi ; je saurai bien lui tirer les vers du nez.

— Pour cela, je vous l’accorde.

Églantine fut mandée sur-le-champ.

— Ma fille, dit madame Mortier, à partir d’aujourd’hui, je tiens à ce que vous preniez monsieur l’abbé Chaducul pour confesseur…

— C’est bien de l’honneur que me fait madame, de me donner un confesseur de sa propre main, et le sien même encore… mais je me confesse déjà à un révérend père qui pourrait se formaliser si je le quittais sans motifs, et vous comprenez, madame, que…

La vérité est qu’Églantine ne se confessait pas du tout et n’y tenait aucunement. Ses bourgeois étant dévots, elle avait raconté, dès le début, qu’elle avait pour directeur de conscience un religieux du couvent voisin.