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LES TROIS COCUS

Il avance encore de quelques pas. On l’arrête. La voir de la dame ou demoiselle que l’on a appelée Bruscambille se fait de nouveau entendre.

— Profane, quel est votre nom ?

— Romuald Chaducul.

— Votre profession !

— Confesseur… Spécialité pour les jolies pénitentes… Tout à la disposition des Maronnes de l’Amour qui, j’en suis convaincu, doivent toutes être adorables.

Un murmure approbateur accueille cette réponse.

— C’est bien, dit la respectable sœur Bruscambille ; vous êtes décidé, à ce que je vois, à vous faire admettre parmi nous…

— Dans votre sein, mesdames, interrompit Chaducul avec un sourire… dans le sein de votre charmante société.

— Mais, réfléchissez bien à la démarche que vous faites. Vous allez subir des épreuves terribles. Vous sentez-vous le courage de braver tous les dangers auxquels vous allez être, exposé ?

— Comment donc ? ce sera avec le plus grand plaisir que je les affronterai !

— Alors je ne réponds plus de vous, conclut gravement Bruscambille.

Puis, s’adressant au guide, la présidente ajoute :

— Sœur Redoutable, entraînez le profane hors de notre temple, et avant de nous le reconduire, faites-le aller partout où doit passer le mortel qui aspire à connaître nos secrets.

On fait pirouetter Chaducul, et le voilà marchant encore a la suite de son guide mystérieux.

— Allongez la jambe, lui dit-on, il y a un trou.

Et Chaducul allonge la jambe.

Il trébuche sur une série d’aspérités inattendues. C’est un parquet mobile, sur lequel sont cloués des morceaux de bois, qu’on a glissé devant lui.

Puis, il monte une pente douce. Au bout de quatre ou cinq pas, il trébuche ; il était sur une planche à bascule. Heureusement, sa culbute est sans danger ; car il tombe dans les bras de quelques demoiselles dont il a le vif regret de ne pouvoir admirer les visages.

Il embrasse au hasard l’une d’elles ; on rit.

Décidément les Maçonnas de l’Amour sont gaies.

Après deux minutes de cette promenade accidentée, Chaducul est prié de s’asseoir. Il ne se doute pas qu’il n’a point quitté la salle et qu’on l’a tout bonnement ballade dans Ions