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LES TROIS COCUS


CHAPITRE XXV

OÙ LES ÉVÉNEMENTS SE PRÉCIPITENT


Trois mois se sont passés. Nous sommes à la fin de septembre.

Vu leur position sociale, Campistron et Chaducul ont évité de comparaître en correctionnelle pour ivresse publique. Le vicaire de Saint-Germain-l’Empalé a reçu une forte semonce à l’archevêché. Quant au colonel, il est rentré confus au logis conjugal sitôt qu’il a été relâché, et il a fait à Pauline de piteuses excuses au sujet de sa conduite : il ne parle plus maintenant, à propos de botte, de découper sa femme en morceaux ; il a beaucoup à se faire pardonner.

Mme  Campistron, à la suite de cette aventure, voulait un procès en séparation. Heureusement, Laripette s’est fait, auprès de l’épouse outragée, l’avocat du mari coupable, et le colonel ne sait comment lui en témoigner sa reconnaissance. C’est Robert qui lui a obtenu le pardon et l’oubli : il le proclame l’ange de son foyer.

Autre conséquence de l’affaire. Campistron et Chaducul n’y ont jamais rien compris ; car le commissaire les a fait relâcher séparément le lendemain de leur soulographie. On leur a dit, à chacun en particulier, qu’ils s’étaient pochardés d’une manière indigne ; mais ils ont conservé l’idée un peu vague qu’il a été question d’un assassinat quelconque pendant leur ivresse.

Le colonel se dit :

— J’ai été saoûl comme une bourrique, j’en conviens ; mais on ne m’ôtera pas de l’idée qu’il y a eu un pékin assassiné dans ce restaurant du bois de Boulogne… j’ai été même légèrement compromis et soupçonné de complicité… Il y a sans doute de hauts intérêts politiques qui ont fait étouffer l’affaire…

Le vicaire, lui, se dit :

— Je sais que j’étais ivre-mort ; mais j’ai cru comprendre que j’ai été aussi victime d’une tentative d’assassinat… Il reste à mon aventure un côté mystérieux qu’il m’est impos-