Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
LES TROIS COCUS

le même toit que lui. Du moment que Pélagie est égarée, il n’a plus aucune raison de ne pas voir Robert de bon œil. Pour le principe, il soutient toujours les droits du propriétaire à ne pas vouloir d’un tel animal dans sa maison ; quand le procès viendra à se plaider, il n’est pas douteux qu’il donnera raison à M. Tardieu contre Laripette ; mais il fait néanmoins un excellent accueil à celui-ci.

Ils se sont rencontrés dans plusieurs soirées, tant chez le colonel que chez M. Paincuit. Ils sont dans les meilleurs termes.

Laripette plaît au président.

— Sous ses apparences légères, dit Ai. Mortier en parlant de Robert, ce garçon est un modèle de moralité ; tous nos jeunes gens du quartier latin devraient prendre exemple sur lui.

En effet, le magistrat a une marotte : il voudrait ramener les étudiants et les étudiantes à des mœurs virginales.

Il a fait part de son idée à Robert, qui lui a donné une complète approbation.

— Voyez-vous, monsieur Laripette, s’écrie le président, ces jeunes gens font mon désespoir. Ils se vouent les uns les autres, sans le savoir, à une damnation éternelle. Quand je reviens le soir du tribunal et que je vois cascader ces étudiants et ces grisettes, je ne puis songer sans frémir qu’ils sont la proie du démon de la luxure.

— Le plus horrible de tous les démons, ajoute Robert, un démon aux grilles duquel il est presque impossible de s’arracher.

— Mais le remède ! quel est le remède qui fera disparaître la mal de notre cher quartier des Ecoles ?

— Ah ! monsieur le président, il y a remède à tout ; mais je crois que celui-ci sera difficile à trouver.

— En cherchant bien, cependant…

— C’est cela, cherchons.

Aussi, M. Mortier et l’ingénieux Laripette se sont-ils fouillé la cervelle pour découvrir le moyen de faire revenir les jeunes dissolus de la rive gauche à la continence la plus parfaite.

Un matin, Robert est venu dire au président :

Eurêka !

— Vous avez trouvé ?

— Oui,

— Parlez, mon ami.

— C est simple comme bonjour… Aujourd’hui, on obtient tout ce qu’on veut avec une bonne publicité. Pour qu’un