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LES TROIS COCUS

Ils firent une drôle de grimace quand ils apprirent, par les Maçonnes de l’Amour, qu’ils avaient été mystifiés et que la baronne authentique de Groussofski était, pour l’un, Scholastique, pour l’autre, Irlande.

— Le tour est drôle, dit Romuald, et, je serais un niais si je m’en fâchais !

— Maintenant que je sais à qui j’ai eu affaire, ajouta Huluberlu, je trouve la plaisanterie mauvaise ; mais cela m’empêche pas qu’ignorant que j’étais l’objet d’une mystification, j’ai éprouvé bien de l’agrément.

— Alors, vous ne m’en voulez pas ? demanda Groussofski.

— Pas le moins du monde, répondirent les deux collègues ; seulement, c’est à charge de revanche.

— Vengez-vous, je vous l’accorde !

Quant aux deux vieilles filles, à leur réveil, elles ne savaient si elles devaient rougir de ce qui leur était arrivé ou s on réjouir. Elles ne s étaient jamais fait une idée des apparitions de ce genre : elles en éprouvaient une certaine confusion ; mais elles s’avouaient néanmoins qu’elles n’avaient jamais été à pareille fête.

Elles s’abordèrent avec hésitation.

— Irlande !

— Scholastique !

— Ma sœur aimée !

— Ma sœur chérie !

— Si tu savais ?…

— Si je te disais ?…

— Cette nuit, figure-toi…

— J’ai eu un rêve étrange…

— Tiens ! c’est comme moi, alors !

— Tu as rêvé ?…

— Je ne sais pas au juste si c’est un songe…

— Tout comme moi, Scholastique… J’ai eu une apparition…

— Moi aussi.

— Ah bah !

— Une apparition de notre vénéré Pie IX…

— Pie IX !… Mais c’est lui-même également qui m’est apparu !…

— C’est un miracle, pour sûr…

— Je ne sais pas ce que j’ai éprouvé… J’avais le sommeil très lourd ; mais j’ai de vagues souvenirs que ce n’était pas un rêve, à proprement parler…

— Je puis l’en dire autant… Mon apparition était en chair et en os…