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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/242

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LES TROIS COCUS

dus, marchant à tâtons. J’allume la bougie, elle pousse un cri pas la bougie, ma femme). Elle se recouche et m’avoue que, jeune fille, elle allait fréquemment se promener sur les toits. — « Sur quels toits ? lui dis-je. — Sur les miens, me répond-elle chastement. — Tais-toi ! »

« 10 avril. — Je confie la chose à mon carabin de cousin. Mon cousin de carabin me dit qu’il ne faut jamais réveiller les somnambules, sous peine d’accident mortel. La nuit qui suit, je fais le guet. À trois heures, ma femme se lève et se promène pendant une heure dans l’appartement. Au bout d’une heure, elle se recouche tranquillement.

« 11 avril. — Je ne fais plus le guet. À trois heures de nuit, ma femme se lève ; je la laisse bien tranquillement arpenter l’appartement. Elle se recouche à quatre heures moins le quart ; à quatre heures et quart, elle se relève et se recouche au bout de vingt minutes. Elle se relève à cinq heures. Nom d’une pipe ! trois attaques de somnambulisme ! cela devient inquiétant. À cinq heures et demie, elle se recouche, et ne se re-re-relève plus.

« 12 avril. — Octave m’apprend qu’il part le 15.

« 13 avril. — Deux attaques de somnambulisme.

« 14 avril. — Trois attaques. Je ne m’en inquiète plus et je m’endors du sommeil du juste. À six heures, je m’éveille. Personne à mes côtés. Ciel ! ma femme serait-elle allée sur les toits ? Aurait-elle dégringolé ? — Je vole chez Octave. — Stupéfaction ! ma femme s’est trompée de lit. — Je hurle. Elle s’éveille. Elle voit Octave. Ah ! peindre son étonnement est impossible. Quant à Octave, il ronflait comme un sabot. Pauvre Octave, il n’a jamais su le bien qui lui était venu en dormant. »

Nota. — Les membres du conseil de l’Ordre Jonquille nomment le duc de Saint-Cucuphar président d’honneur.