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LES TROIS COCUS

sa situation dans le clergé. Il s’agissait d’accomplir un miracle. L’abbé accepta de grand cœur.

La comédie avait donc été jouée d’un parfait accord entre Laripette, Groussofski et Tirelampion.

Mmes Paincuit, Mortier et Campistron n’eurent pas cependant tous les détails de l’histoire ; car Robert se refusa à faire connaître les conditions dans lesquelles il avait rencontre l’abbé, ni surtout ce qu’il avait appris de lui-même

Une complication survint.

Robert prolongeait son séjour à Lourdes, partageant ses instants entre ses trois maîtresses et accomplissant des prodiges de ruse pour les empêcher de comprendre qu’il avait le cœur plein d’un triple amour. Pélagie avait été installée dans une chambre à part où elle recevait tous les soirs désirables.

Un beau matin, arrive comme une bombe le fameux Ship Chandler de la False-Bay, flanqué de sa fille Briséis.

L’Anglais est enfin parvenu à rejoindre Laripette !

Il se jette dans ses bras, le presse de vive force sur son cœur, l’appelle : son gendre.

Les trois dames se demandent ce que cela signifie.

Laripette proteste contre ces appellations.

On s’explique.

Ce que veut Ship Chandler, c’est le mariage de sa fille Briséis avec Hubert.

Robert regarde Briséis ; elle est charmante, elle a tout pour plaire, elle a une fortune immense par-dessus le marché ; mais Robert est l’adversaire du mariage et surtout du mariage forcé.

Il rejette donc la demande de l’Anglais, tout en s’exprimant avec une courtoisie parfaite, en mettant son refus sur le compte d’un tas de motifs, très polis, mais auxquels il est impossible d’ajouter foi.

Marthe, Pauline et Gilda respirent.

Chacune pense en elle-même que ce monstre de Robert est toujours digue d’être adoré par elle.

Ship Chandler se retire en maugréant, il dit qu’il reviendra, qu’il sera partout à la remorque de Robert, jusqu’à ce qu’il se décide. Briséis essuie une larme furtive.