Patiemment, d’un œil scrutateur, elle l’avait examinée. Le brusque départ d’Arthur lui avait fait dire :
— Tiens !… tiens !… il paraît que c’est vrai.
Et elle avait ajouté, à part elle, en souriant d’un mauvais rire :
— Mais ça se voit suffisamment, d’ailleurs.
L’abbé Sacabre reposait ses yeux sur Georgette. Il cherchait une entrée en matière.
— Il me semble, dit-il à mi-voix, que l’on est bien cruel pour votre compagne.
Et, d’un geste rapide, il désigna la bossue.
— Pauvre fille ! répondit à mi-voix Georgette. Elle me fait peine et je l’aime, parce qu’elle souffre.
— Elle est vraiment disgraciée de la nature, dit l’abbé, qui, bien qu’ayant tourné le dos à Aimable, ne pouvait chasser de sa pensée cette image laide et ridicule.
— Elle n’en est que plus à plaindre, répondit Georgette.
Tout à coup, Georgette mit un doigt sur ses lèvres.
La bossue venait de relever la tête et elle fixait sur Georgette des yeux étincelants, pleins de méchanceté satisfaite :
— Tu sais, ma petite, dit-elle à Georgette, que je n’ai pas besoin de ta pitié.
Et elle ajouta d’une voix haute, éclatante, et qui déchira l’air de l’atelier comme un bruit de crécelle :
— J’aime mieux avoir une bosse où je l’ai que d’en avoir une où tu l’as.
Georgette devint pâle comme une morte.
Elle se leva, balbutia quelques mots ; puis, portant la main à son cœur, elle dit :
— J’ai mal !
Et elle s’affaissa sur le parquet.
CHAPITRE II
Quand M. Bec, après avoir congédié Jacques Lablaude, monta chez lui, il y trouva les deux prêtres qui étaient venus le demander à la porte des chaînistes.