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LA RELIGION DU CRIME.

— Ici commence la danse de la mort qui ne perd pas de vue sa proie. Vous subissez le sort commun. Le pape et l’empereur, le cardinal et le roi, l’écuyer et l’évêque, le bourgeois et l’abbé, le malade et le médecin, le curé et le laboureur, la reine et la duchesse, la régente et la prieure, la pucelle et l’épousée, le noble et le vilain, le riche et le pauvre, la nouvelle mariée et la veuve, tous sont guettés par le squelette. Maxime de Maurelent, résignez-vous. Vous allez suivre vos aïeux. La mort est là. Le Seigneur de pitié vous tend les bras.

— Ah ! mère de Dieu ! s’écria M. de Maurelent, je ne pensais jamais voir danse pareille à celle-ci… Va-t’en, squelette… Mort, ce n’est pas mon tour… Je veux rester… Je veux vivre encore… Va-t’en, va-t’en ! Ne me regarde pas ainsi, masque affreux.

— Ceci est le pain de vie, dit le prêtre en mettant tout à coup l’hostie dans la bouche du mourant, qui, terrifié, ne se rendit même point compte de l’acte qu’il accomplissait.

— Et maintenant, ajouta l’abbé Meurtrillon en regardant Mme de Maurelent, récitons ensemble, madame, la prière des agonisants.

L’abbé Meurtrillon commença, Mme de Maurelent lui donnant la réplique :

— Seigneur, ayez pitié de nous.

— Saint Sylvestre, priez pour lui, répondit Mme de Maurelent.

— Christ, ayez pitié de nous.

— Saint Grégoire, priez pour lui.

— Saints anges et archanges, priez pour lui.

— Saint François, priez pour lui.

— Saint Abel, priez pour lui.

— Saints moines et ermites, priez pour lui.

— Par votre naissance, délivrez-nous, Seigneur.

— Au jour du jugement.

— Par votre croix et votre passion, délivrez-nous, Seigneur.

— Pécheurs, nous vous prions de nous entendre.

— Par votre aimable ascension, délivrez-nous, Seigneur.

— Seigneur, ayez pitié de nous.

— Par la grâce de l’esprit consolant, délivrez-nous, Seigneur.

— Seigneur, ayez pitié de nous.

Depuis une minute, l’agonisant râlait d’un râle trachéal qui produisait comme un bruit d’eau en ébullition.