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LA RELIGION DU CRIME.

— Permettez, monsieur, dit Mme de Maurelent pâle et frémissante de colère… Vos paroles sont une insulte !…

— Mes paroles sont l’expression de la vérité.

— Dites tout de suite que j’ai tué le comte…

— Peut-être, répliqua Meurtrillon… Et nous nous comprenons tous deux… Mais ce n’est point de cela qu’il s’agit… Il s’agit de votre salut éternel, Blanche de Maurelent ; vous n’avez cessé de mentir au tribunal de la pénitence, comme vous venez de mentir auprès du lit de l’agonisant. Vous avez un secret que vous m’avez caché ?

— Moi ? s’écria Mme de Maurelent.

— Vous avez un secret, reprit Meurtrillon, mais ce secret est connu de Dieu et vous traînez maintenant avec vous l’épine du péché. Nous sommes ici devant un mort, et moi je vous le dis : Quand votre dernière aurore sera consumée comme un tison dans le feu, quand vous sentirez dans vos flancs une ardeur qui vous brûlera, quand, desséchée comme l’herbe frappée par le soleil, vous ne serez plus que pourriture et corruption, alors, du fond de l’abîme, vous voudrez parler, mais vous n’aurez point de langue pour répliquer.

— Je vous jure… dit Mme de Maurelent.

— Ne vous parjurez pas, interrompit violemment le prêtre. Le ministre de Dieu connaît tout ce qu’il veut connaître dans l’intérêt du salut des âmes. Votre secret porte un nom que je sais…

— Quel nom ? demanda la comtesse, qui pâlit subitement.

Le prêtre se dressa de toute sa hauteur, et, saisissant le poignet de Mme de Maurelent, dit d’une voix profonde et vibrante :

— Jeanseul !

La comtesse devint livide.

— Vous êtes un homme terrible, balbutia-t-elle.

Le prêtre eut un sourire étrange :

— Vous voyez bien, dit-il, que nous pouvons nous entendre.


CHAPITRE V

BLANCHE CINGALI

Le soir où Jacques Lablaude et Georgette étaient congédiés de l’atelier du Travail édifiant, à l’heure où l’abbé Meurtrillon avait avec