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CHAPITRE  II
VIE ET LITTÉRATURE

Mon père n’a jamais séparé la vie de la littérature. C’est le secret de son influence. L’art, pour lui, c’était l’achèvement. Créer des types et libérer des cœurs, voilà ce qu’il souhaitait avant tout.

Il m’a conté maintes fois que l’amour de la vie dévora sa jeunesse et qu’il dut à ma mère « son collaborateur dévoué, discret et infatigable », de ne point dissiper follement les dons reçus de la nature qu’il employa plus tard d’une manière si noble. Il ne pensait guère à la gloire et laissait réservée cette grave question de l’avenir qui attend les œuvres des morts.

Je lui lus un jour une phrase de Lamartine, dans le Cours de littérature, qui le frappa, qu’il me fit répéter, comme lorsqu’il ensemençait sa mé-