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L’INSTINCT GÉNÉSIQUE.

tions du soi. Celui qui subit cette aura s’appartient mal et d’ailleurs il cherche à oublier tout ce qui n’est pas l’objet immédiat de sa concupiscence. Cependant une frange de raison, qui n’abandonne jamais l’être humain, lui permet de distinguer quelque chose comme un écoulement rapide d’images, les unes accélérantes, les autres contrariantes, qui gravitent au fond de sa conscience, s’enflent et crèvent à la façon de bulles de savon. Nous savons ce que sont ces images et de quel héritage elles témoignent. Leur émouvante rupture, leur disparition se succédant au sein d’une durée très courte, inspirent au désirant l’idée de la mort, comme compagne de son voluptueux plaisir. Il ne faut pas chercher ailleurs l’explication de ce phénomène psychologique constaté par tous les poètes, qui associe le désir amoureux à la mort. C’est l’éparpillement des fantômes intérieurs qui inspire au spectateur-acteur du moi en désir ces pensées ardemment funèbres.

Tandis que se joue cet acte si fréquent du drame intérieur, le soi demeure presque complètement masqué par la vapeur ou aura du désir. Mais qu’il se fasse jour dans le tonus du