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L’HÉRÉDO.

ci m’est venue tout d’un coup : vlan ! Je me suis réveillé libre, comprends-tu cela, libre, avec la sensation d’un homme qui vient d’échapper à la noyade !… Il ne reste plus qu’à régler le dispositif des adieux, que je désire décents. C’est pour cela que je suis ici. »

Fabien disait vrai. Il se maria quelques mois plus tard avec une délicieuse jeune fille et mena désormais une vie normale, tranquille et heureuse. Il avait découvert tout seul le remède héroïque à son asservissement, qui est le réveil méthodique du soi.

Le désir de l’argent et des honneurs, le désir ambitieux, si tenace chez certains, sont sujets à des caprices, à des hauts et bas, à des chutes brusques du même ordre. Il suffit que la raison, libre en face du soi dépouillé de la confusion héréditaire, lui représente fortement pendant une minute, la vanité de ces appétits. Car le désir, quel que soit son objet, relève toujours de l’instinct génésique, pur, ou à l’état de mélange et de dissimulation ; et l’instinct génésique ne cesse jamais d’agir sur les hérédismes, dans les deux sens indiqués plus haut.