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L’HÉRÉDO.

lui-même. Il y a là l’embryon d’un moyen de guérison des erreurs et des tares intimes. Deux images de sens contraire, fortement éveillées et typifîées dans notre moi, créeront en nous un de ces silences peuplés, où parle clairement la voix de la sagesse. Tel un savant qui poursuivrait sa recherche utile et bienfaisante, tandis qu’on se bat autour de lui. Tel encore un homme qui ferait oraison au milieu d’une dispute de braillards, dont on distinguerait mal les clameurs. C’est ainsi que, chez des êtres inquiets et tourmentés, chez des hérédos notoires, apparaît tout à coup, étincelante, à l’occasion d’une secousse morale, une lumière de bon sens salvatrice. S’ils la suivaient, ils seraient hors d’affaire. Malheureusement, ils se contentent en général de l’admirer, de murmurer : « Oh comme elle est belle ! »

L’esprit de contradiction, qui se remarque chez tant de gens à hérédité chargée, n’a pas une autre origine. C’est un effort de leur nature profonde, en vue de retrouver la paix et l’équilibre. Leur soi travaille sourdement à les émanciper de leurs fantômes en opposant ceux-ci, les uns aux autres et par paires. Les