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L’AMOUR HUMAIN.

reuses, les hérédismes nombreux du moi masquent presque totalement l’impulsion créatrice du soi, la volonté et la sagesse. Villon est ballotté sans répit. Il rit en pleurs, comme il l’avoue lui-même, promenant une conscience bourrelée, que viennent railler, pervertir de narquois ancêtres, et qui ne connaît bientôt plus de l’amour que sa caricature sensuelle, que ce que happe et déforme l’instinct génésique. Reportons-nous au schéma du chapitre IV. Un ignorant ne manquerait pas d’affirmer que Villon est particulièrement riche en inconscient, alors qu’il est semé de débris d’hérédismes, — que le sens génésique a fait éclater, — et bourré de réflexes automatiques. Mais ce qui fait qu’on s’intéresse douloureusement à lui, c’est ce malaise de remords continuellement sous-jacent, cette nostalgie de son soi, appliquée tantôt aux Dames du temps jadis, tantôt à sa jeunesse, à sa mère et à son « plus que père », tantôt à tel ou tel de ces innominés qu’il entraîne dans sa complainte angoissée, d’un si beau rythme. La raison, chez cet homme singulier, obnubilée au cours de l’existence, s’est réfugiée dans les proverbes et locutions courantes. Il