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L’HÉRÉDO.

meurs sont d’ailleurs chez eux d’autant plus vives qu’elles sont mieux dissimulées, qu’ils cherchent à se donner l’apparence de les avoir bannies. Celui-ci, prompt aux marottes, se donne à la doctrine de l’évolution. Il entend y plier l’univers, la morale, la religion. Vous avez reconnu Brunetière, hérédo achevé, jusque dans l’affectation de son style, imité du XVIIe siècle et tout hérissé de conjonctions. Si le fanatisme sensuel domine chez Michelet et la peur chez Taine, Brunetière est victime de la contradiction : deux ascendants, également dominateurs, tirant chez lui en sens contraire, écartelant tout jugement porté, tout préjugement, toute sympathie et toute analyse. Il est docteur ès « mais oui mais non » et se dirige ainsi, non d’après sa ligne propre, mais d’après celle qu’il suppose à son interlocuteur et qu’il s’agit avant tout de contrecarrer. Il hait, il aime, il rejette, il admet, en fonction d’autrui et en opposition avec autrui. Je le compare à l’enfant qu’on fait obéir par la suggestion contraire ; c’est le critique de Jean de Nivelle. L’amour de la patrie, tout en demeurant un amour humain, relève du soi sans interposition d’instinct génésique. Il participe au