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L’HÉRÉDO.

est possible d’imaginer des combinaisons infinies d’aphasies, aussi variées que les possibilités d’éclipse dans telle ou telle partie du ciel intérieur. Mais il n’est aucune de ces aphasies qui ne puisse s’effacer et guérir par une exaltation appropriée du soi. Le « Soldat, soldat, ne tue pas Crésus » donnera au médecin de l’avenir la direction de son traitement.

Il en résulte que les lésions anatomiques observées ici et là, dans l’écorce du cerveau, à l’autopsie des aphasiques, sont des conséquences et non des causes de l’aphasie, comme le croyait l’erreur de Broca et de Charcot. La doctrine enfantine des localisations cérébrales a achevé de s’effondrer avec les constatations anatomopathologiques de la guerre de 1914, attendu qu’on a vu des soldats vivre, se mouvoir et parler correctement après ablation de la moitié ou des deux tiers de leur substance cérébrale. Mais la moindre réflexion eût dû amener de véritables savants à conjecturer que le mécanisme du cerveau était un peu plus compliqué que cette fable par trop simpliste, issue des passions matérialistes de deux professeurs à la Faculté. La fiction des localisations cérébrales est au lan-