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LE MOI ET LE SOI.

espèce et reflet du divin, qui s’appelle la raison. Du jour qu’elle sera constituée, rien n’échappera plus à son empire. Un sentiment très juste de liberté intérieure, de plus en plus vif, accompagne ses progrès. Elle aussi, de même que l’initiative créatrice, est indépendante de la situation sociale, comme de l’âge, comme de la culture. Elle aussi s’enrichit par le rayonnement et gagne à mesure qu’elle se dépense.

Contrairement à ce qu’ont cru et affirmé des pédagogues ignorants ou sots, l’équilibre par la raison, cette pierre de touche du soi, appartient souvent à l’enfance ou à la prime jeunesse. La sagesse est plus fréquente à six et sept ans qu’à douze, à quatorze et à vingt ans, attendu qu’elle n’est point obscurcie par le développement du mauvais hôte, de l’instinct génésique. Nous examinerons ce point plus à fond quand il sera question, dans cette étude, de cette longue erreur qui s’appelle encore la philosophie de l’inconscient. Par contre, des esprits se croyant très supérieurs et même altiers, habiles seulement à diviniser leurs instincts et leurs penchants héréditaires, arrivent à n’avoir plus qu’un tronçon de rai-