Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
L’HEREDO.

Sous des influences de deux ordres, extérieures et intérieures, les premières sensorielles ou de circonstance, les secondes agissant par une sorte d’autofécondation.

Nos sens sont des intermédiaires entre le moi et le dehors. Dans le moi dort ou somnole la continuité de la famille, comparable à une suite de portraits étagés dans l’obscurité, de portraits reliés, trait pour trait, aux parcelles correspondantes de notre individu. Qu’une perception auditive, visuelle, gustative, olfactive, tactile, vienne éclairer une parcelle de notre conscience et voici la parcelle héréditaire correspondante qui frémit et s’illumine à son tour, avec un territoire circonvoisin plus ou moins grand, plus ou moins net, selon l’intensité du choc. Derrière notre réaction propre, se discerne, avec un peu d’attention introspective, celle de l’ascendant ou de la ligne d’ascendants que cette réaction continue. Ainsi se trouve ranimé, pour un court instant, un fragment d’une figure héréditaire, que peut compléter, par d’autres réveils du même ordre, une impression sensorielle subséquente. C’est le réveil de l’ascendant par morceaux, sa reconstitution en jeu de patience.