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L’HEREDO.

nous mettent en état d’hésitation et de doute. Le langage populaire dit que nous ne nous appartenons plus. C’est l’exacte vérité. Un ou plusieurs fantômes, quelquefois chers mais quelquefois odieux, toujours impératifs, se superposent à notre personnalité au point de la masquer, et nous entraînent dans des directions que nous n’avons point choisies, qui nous déplaisent ou nous répugnent. Avertis à temps, et surtout décidés à temps, il nous était facile de réagir contre cette intrusion, contre cette expropriation. L’habitude une fois installée, la lutte, toujours possible, en devient plus âpre et plus douloureuse, comparable à celle contre l’emprise ancienne d’un poison.

D’ailleurs, rien ne ressemble plus à une intoxication chronique que cette influence héréditaire, quand elle tourne à la domination. On y trouve d’abord, comme je l’ai dit, agrément et facilité, sentiment de plénitude et de suractivité intellectuelle. Puis, bientôt, ce sentiment de béatitude, pouvant aller jusqu’à la griserie, se transforme en un sentiment de rébellion, de rancune et de haine. À ce moment l’hérédo conscient se met à ruser avec