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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

Maxse. Je réponds de l’honneur de mon cher et vieil ami Clemenceau, comme de mon propre honneur.

La conversation avait pris ainsi peu à peu un tour presque solennel et chacun s’attendait à ce que les deux hommes d’État, dont je viens de dire les noms, donnassent leur avis. Ce fut John Morley qui parla le premier.

— Jamais, déclara-t-il avec force, jamais à ma connaissance le gouvernement de Sa Majesté n’a fait remettre, sous un prétexte quelconque, aucun fond à M. Clemenceau, ni à aucune personne mandatée par lui.

— C’est une plaisanterie, confirma Arthur Balfour, de prétendre le contraire. Nous avons, Morley et moi, connu ce bruit, nous sommes allés au fond des choses et nous en avons reconnu l’inanité. quand les professeurs Charcot et Brouardel sont venus à Londres juger si Cornelius Herz était transportable, il a été question de cette affaire dans tous nos milieux politiques et même à la Chancellerie. L’opinion des personnes les plus qualifiées a été unanime et absolue : calomnie gratuite et rien de plus.

— Eh bien, conclut Alphonse Daudet, vous ne m’apprenez rien, mais la question est réglée.

Clemenceau connut cette histoire et, à la mort de mon père, l’année suivante, Je le vis pleurer sans chercher le moins du monde à dissimuler son émotion. Quelques mois auparavant, Alphonse Daudet avait écrit à Clemenceau, qui me le rappela par la suite : « En cas de disparition subite, je vous confie mon fils Léon. » Mais l’affaire Dreyfus éclata (décembre 1897).

Pour en revenir au Panama, c’est alors que le Petit Journal fit paraître le fameux dessin Aoh