CHAPITRE VIII
Au Pouvoir
après sa traversée du monde littéraire, le
démon de la politique avait ressaisi Clemenceau,
l’entraînant aux petitesses et défaillances
parlementaires, et dans des contradictions entre
la pensée de la Revanche, demeurée vivace en lui,
à travers tous les événements, et les poussées
anticléricales et antimilitaristes qu’avait suscitée,
dans sa nature violente, l’affaire Dreyfus. Il en
résulta, dans ses actes, une incohérence dont il ne se
rendait pas compte, tout à ses impulsions du
moment. Patriote, il choisissait comme ministre de
la Guerre le colonel Picquart, pour cette unique
raison que celui-ci avait embrassé la cause de Dreyfus ;
redoutant à bon droit le bellicisme allemand, il
acceptait des réductions de crédit militaire que lui
imposait la surenchère électorale. Car les radicaux
craignaient, sur ce point, d’être distancés par les
socialistes,
La liaison de Delcassé avec une belle artiste dont il avait été l’amant le tourna contre Delcassé, partisan comme lui de l’alliance anglaise. Enfin l’anticléricalisme, estompé pendant un temps chez lui sur la question des inventaires, le ressaisis-