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Page:Léon Daudet – La vie orageuse de Clemenceau.djvu/212

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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

CHAPITRE X

La Guerre, rien que la Guerre !


Au cours de ses nombreuses visites au front, depuis le début des hostilités, Clemenceau, président de la Commission sénatoriale de l’Armée, avait fréquenté, en même temps que les poilus, leurs divers chefs, car il s’était parfaitement rendu compte qu’à égalité de courage des troupes en présence, c’était le Haut Commandement qui faisait la victoire. Joffre aux yeux verts, peu bavard, l’avait étonné. Son leit motiv : « Ah ! laissez-moi dormir » l’amusait. Il disait de lui, parodiant Pascal : « C’est un pavé, mais un pavé pensant. » Il faisait grand cas de Pétain et de Foch, « le défensif et l’offensif », Castelnau, hum, hum, un bondieusart. Il trouvait ces hommes exceptionnels, et qui avaient le sens de leur devoir, trop déférents vis-à-vis des politiciens, tels que Poincaré, Briand et Cie, et de lui-même, mais, en même temps, il leur en voulait de manifester leur indépendance. Au résumé il les eût souhaités désobéissant à tous ses collègues et n’obéissant qu’à lui seul. Maintenant qu’il était le maître de tout et de tous, qu’il eût pu fermer le parlement sans soulever une seule protestation, il ne se gênait pas pour donner son avis, carré et tran-