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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

sauvegardé les traditions séculaires de l’héritage sacré de la pensée et de la culture françaises. Je n’ai eu qu’à les comprendre et à les aider ; c’est à eux surtout que doivent aller votre admiration et votre reconnaissance.

Veuillez agréez, Messieurs, l’assurance de mes sentiments les plus cordialement dévoués.

G. Clemenceau. »

Dans la dernière année de la lutte, un véritable chef politique de tempérament guerrier, secondé par des chefs militaires de premier ordre, tel fut le secret de notre victoire. Ces chefs militaires furent désentravés dans l’exercice de leur profession, par ce chef politique. Par ailleurs, les combattants étaient admirables, et la pâte de la population civile était bonne.

De même que Clemenceau s’était laissé porter, sans candidature expresse, à l’Académie Française où il ne mit jamais les pieds, de même il se laissa convaincre d’accepter la présidence de la République à condition de n’y être pas candidat. À distance, ces choses ne se comprennent guère. Toute puissante nature a ses bizarreries. Il comptait bien s’il était élu — et comment ne l’eût-il pas été ! — ne jamais charger « l’ignoble Briand » de la constitution d’un cabinet. Cet argument le fit céder aux instances de ses amis.