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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

À ciel ouvert, la pensée est en marche, par d’insensibles passages, vers une floraison de problèmes qui nous campent en postures d’interrogateurs devant les éléments du monde d’où nous viennent lentement des réponses de positivité. Une nouvelle puissance s’est fait jour, qui demande des comptes au Cosmos et les obtient. Quiconque cherche des motifs d’admirer a vraiment trouvé son affaire. Si nous voulons du drame et de la poésie vécue, reconnaissons qu’ils ne nous sont pas marchandés. Qui oserait confronter la puérilité de nos mythes avec l’émerveillement des prodiges où l’imagination s’effondre sous les lumières de la réalité ? Hanuman, le singe magicien du Ramayana, transportant les montagnes avec leurs forêts et leurs fleuves, pour que des yeux exercés puissent y trouver l’herbe qui doit guérir son prince, les combats des Titans, Hercule et ses travaux, Athéna sortie du crâne de Zeus, Vulcain précipité de l’Olympe, Mars et Vénus surpris sous un filet à mailles d’or, un Dieu qui, pour nous sauver de ses propres rigueurs, à besoin d’être sacrifié par des criminels, qu’il fait criminels et qui seront éternellement damnés pour lui avoir obéi.

Au second volume j’emprunterai, pour ne pas fatiguer l’attention, trois citations caractéristiques :

D’abord, sur l’avenir de l’homme conscient (mais : son autoconscience a-t-elle augmenté ?) :

S’il faut que l’expérience élimine l’impuissante « Providence », il nous restera notre propre effort pour l’établissement d’une brève durée d’un contentement terrestre au profit de tous et de chacun. En d’autres termes, l’évolution de l’homme doit amener la transformation du caractère et de la qualité des