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Page:Léon Daudet – La vie orageuse de Clemenceau.djvu/83

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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

— Vous parlez comme un livre. D’où tenez-vous ce renseignement ?

— De mes collaborateurs. Un grand journal comme le Gaulois est renseigné sur tout.

— Connaît-on l’objet de cette ardeur extrême ?

— Mme de Bonnemain, une personne en marge de la société.

Le snobisme de Meyer donnait à Mme de Loynes envie de rire. Le directeur du Gaulois ajouta :

— Il a rencontré Mme la duchesse d’Uzès, qui a certainement des vues sur lui. Le résultat des dernières élections l’a frappé et son républicanisme est, paraît-il, fortement ébranlé.

— Que vaut son ami, le comte Dillon ?

— C’est un homme de vues et qui connaît la carte électorale. J’ai eu une longue conversation avec lui.

— Amenez-le-moi un jour. Je désirerais le connaître.

Meyer prit une note sur son carnet :

— C’est entendu, madame,

— Une entreprise comme celle-là exige de l’argent, beaucoup d’argent. Le comte Dillon y songe-t-il ?

— Il pense à tout ; Mme la duchesse aussi. On dit Déroulède très emballé.

— Je m’en assurerai. La Ligue des Patriotes serait en effet un fameux appoint. Déroulède a auprès de lui quelqu’un dont M. Lemaître fait grand cas, quelqu’un qui parle fort et qui est noir comme l’Erèbe, un peu long dans ses dissertations, un certain Thibaut.

— Georges Thiébaut. C’est un plébiscitaire. Il a du feu, mais on m’assure qu’il peut être ennuyeux et… comment dit-on, redondant.