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LE MONDE DES IMAGES.

deux pôles individuels se retrouvent forcément dans la société.

La table des erreurs ou « idoles », comme il dit, qu’a dressée Bacon, est un recensement assez complet des altérations logiques des personimages, de leurs obnubilations. Il n’a manqué à l’auteur du Novum Organum que de remonter à la source intrapsychique de ces erreurs. Une intelligence, même vaste et ordonnée, ne saurait être partout à la fois.

Les altérations, logiques ou émotives, des personimages sont contagieuses, de figure à figure, à l’intérieur d’un même individu et d’individu à individu. C’est par l’intermédiaire de ces réapparitions en nous de nos ancêtres que nous nous influençons les uns les autres, alors que, par définition, les soi sont entre eux ininfluençables.

Le premier cas se présente quand un certain penchant, qui ne se produisait et ne s’affirmait en nous qu’à certains intervalles (pendant la domination de telle personimage) tend à s’installer chroniquement, créant ce qu’on appelle une hantise. Il y a alors interposition constante, entre nous et le réel, d’une pensée ou d’une représentation, fixe en ses contours, et à laquelle nous ramenons toutes nos cogitations. L’esprit, opprimé par cette persistance, en conçoit de la fatigue, puis de l’abattement. C’est pourquoi il est si important de se distraire d’un travail par un autre, et non par le repos absolu.

Le second cas, d’altération par influence d’in-