vibrations solaires dont l’influence psychique est encore ignorée. À un tel héritier, chaque personimage, suscitée par l’impulsion créatrice du désir, apporte des lambeaux de mémoire ancestrale, de paysages auditifs et visuels, de propensions verbales et autres, qui prolongent la mémoire individuelle et lui donnent un long retentissement. Ainsi hanté et influencé, un tel héritier dispensera à son époque, dans ses poèmes, ou dans ses chansons, ou dans ses tableaux, le trésor accumulé de trois ou quatre générations. Ses morts collaborent avec les vifs et près de ces morts, les endroits, les sites, les ambiances où ils fréquentaient de leur vivant. Ou bien, s’il s’agit d’un auteur dramatique, il fera dialoguer entre eux des éléments de ces deux mémoires, avec leurs timbres de voix différents, leurs aspirations opposées, leurs contrariétés, leurs contrastes, et rendra ainsi, pour un temps donné, l’existence terrestre à ses hérédofigures. C’est sans doute ce que voulait dire le vieux philosophe grec, quand il affirmait, dans un étonnant raccourci, que « tout est plein d’âmes et de démons ». Il est à noter que les Grecs étaient allés beaucoup plus loin que les Romains dans l’introspection, et que la recherche des lois de l’esprit était chez eux plus en honneur. La conception platonicienne des Idées se rapproche, par endroits, de celle des personimages.
Si ce qui précède est exact, nous devons ainsi reconnaître, à la faculté de reviviscence ou mémoire,