Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/24

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décisions utiles qu’ils auraient pu prendre, et qu’ils ont négligées. Ma conviction, appuyée sur la réflexion, est que les mieux doués d’entre nous n’utilisent pas le centième de leur volonté et ne jouissent pas du millième de leur spectacle et tourbillon intérieur. Cela est peut-être mieux ainsi, la suractivité intellectuelle pouvant conduire au désordre les natures mal équilibrées.

Pour être moins fréquentes et moins importantes que les images centrifuges, qui vont du moral au physique, les images centripètes, qui vont des organes à l’esprit, n’en existent pas moins. Les fonctions fécales, digestives et sexuelles, inspiraient la muse d’un Zola, au point de lui masquer le reste du monde. Le marquis de Sade et ses émules sont des obsédés de l’instinct sexuel et la bibliographie obscène, par son étendue et sa monotonie, témoigne suffisamment de ce genre d’aberration. Mais, à côté de ces cas fréquents, une question plus importante se pose : les organes du corps humain délèguent-ils, à l’état normal ou pathologique, des images à l’esprit, transmettent-ils des messages à l’esprit, plus précis et plus circonstanciés que l’impression de la santé générale, ou d’un malaise indéterminé ? D’après certaines observations médicales — au premier rang desquelles celles du savant docteur Paul Sollier — il semble bien que cette transmission ne soit pas un mythe. Il existe des cas, dûment constatés, de malades voyant avec netteté, dans leur foie ou dans leur vessie, la formation d’un calcul