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LE MONDE DES IMAGES

se transmet ensuite, par enroulements et déroulements successifs de sphères héréditaires, idéales et organiques ; les sphères idéales commandant et dirigeant les sphères organiques. Il n’est donc pas le produit de la nature, mais d’une force, supérieure à lui comme à la nature, et qui est le principe divin. Le miracle est à l’origine de la vie humaine. Bien loin que le miracle contredise l’intelligible, il a ouvert ses possibilités infinies à l’intelligence. Grâce à lui, l’intelligence humaine n’a pas plus de limites imaginatives que n’en a le ciel étoilé.

Mais elle a, cette intelligence, des limites verbales, que la compréhension ne peut franchir, sans se perdre dans les profondeurs désertiques de l’inexprimé. À chaque émotion un peu vive, à chaque pensée un peu haute ou complexe, chacun de nous sent en lui ces limites verbales, et l’abîme adjacent du silence, du geste, ou du cri.

L’intelligence humaine se manifeste en images, elles-mêmes faisant partie de personimages ou hérédofigures, sphères mi-idéales, mi-organiques, qui gravitent à l’intérieur de l’homme, autour du soi, comme les planètes autour du soleil. Certaines parties de ces sphères sont involuées en formes verbales, de telle sorte que le langage humain est une image au second degré, ou l’involution d’une involution. Les mots gravitent avec les images.

La mémoire héréditaire assure la continuité de l’espèce humaine. Elle est fécondée par la mémoire immédiate de la sensation individuelle, comme l’ovule