mesure qu’on avance dans la vie. Exception faite pour deux ou trois chapitres (notamment quant à Swift) de la Littérature anglaise. Une inintelligence spéciale, quasi huguenote, brille dans son livre de l’Intelligence, où cette faculté, aérée et libératrice entre toutes, prend l’aspect d’un triste sanatorium suisse, avec des cellules numérotées. Néanmoins il faut lire cet ennuyeux ouvrage, parce qu’il est un remarquable spécimen du ratatinement de l’intelligence, à l’époque où il fut écrit. Certaines prétendues observations sur la formation du langage chez l’enfant sont des modèles de débilité mentale.
Il est vain de relever, comme l’a fait Flaubert, dans Bouvard et Pécuchet, les imbéciles conceptions de deux imbéciles. Il est fructueux de relever les sottises notoires des hommes considérés comme les maîtres et docteurs de la pensée d’un temps. Ce sont elles (dans la mesure où elles étonnèrent, captivèrent et se propagèrent) qui donnent l’étiage de la faiblesse générale de ce temps.
La vogue de Renan (assez comparable à celle du chansonnier Béranger, en ce qu’elle opéra dans les mêmes catégories de l’esprit public) en est un autre symptôme. Le scepticisme contradictoire de Renan, fort limité à côté de celui de Montaigne par exemple, apparaît surtout comme un moyen de fuir la grandeur. Montaigne aussi ramène à la toise ; mais sa toise (celle du XVIe) est beaucoup plus haute. C’est un scepticisme à l’usage des géants. Celui de Renan est à l’usage des nains, de nains déliés et de