Aller au contenu

Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
201
AFFAISSEMENT DE LA FAMILLE ET DES MŒURS.

ou simplement connu : « Est-il de l’Académie ? » je pense que ce prestige existe surtout chez les demi-lettrés de chez nous. Ce qui compte à l’étranger, comme ce qui compte chez nous, se désintéresse, en général, de l’Académie. On commence à la confondre avec le Sénat. Il en aurait été autrement si des écrivains tels que Balzac, Mistral, Barbey d’Aurevilly, Fustel, Alphonse Daudet, Drumont. Maurras, par exemple, avaient appartenu à l’Académie française. En revanche, il est impossible de consigner les noms de fameux inconnus (ce qui ne serait rien) et de mauvais historiens et de détestables poètes (ce qui est pire) accueillis, à bras ouverts, dans cette inconséquente maison. Cette liste complète dégagerait ce genre de bouffonnerie dont j’ai déjà parlé, spécial aux époques de décomposition intellectuelle et morale, qui prétendent donner le ton, et dicter la loi, en matière d’intelligence et de morale.

Je parle de ces choses, comme des autres, avec un désintéressement total, n’ayant jamais connu, ni même effleuré, le désir de prononcer un discours de réception sous la Coupole, et ayant hérité de cet esprit d’indépendance absolue, qui était celui de mon père. Je fais partie, avec plaisir, de notre chère petite Académie Goncourt, où je retrouve, périodiquement, d’excellents camarades, avec qui nous échangeons de vieux souvenirs ; qui nous fait une petite rente bien agréable en ce temps d’or-papier (où il faut travailler trois fois plus qu’auparavant pour nourrir les siens) et dont l’utilité immédiate est incontestable. Car notre prix annuel lance l’au-