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LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

assimilation de la famille animale et de la famille humaine était au fond du Contrat Social de l’aliéné Jean-Jacques Rousseau. Sa fortune, depuis cent ans, est liée à la conception de l’animalité humaine et de l’origine animale de l’homme, bourde immense, que nous retrouverons. En fait, la différence de l’homme le plus humble au plus relevé des animaux est cent fois plus considérable que celle de ce même animal au ver de terre ou à l’étoile de mer. L’abîme n’est pas seulement dans le langage articulé et la mémoire héréditaire, renforcée de la mémoire individuelle (voir le Monde des Images et l’Hérédo). Il est aussi dans le sentiment religieux. Il est aussi dans la raison. Tout indique, ou évoque, ou postule, dans l’homme, une création particulière et non l’aboutissement d’une série.

Incapable de concevoir même un tel renversement des âneries (par débilité mentale) à la mode du siècle, le libéralisme a répondu : « Sans doute il y a, à la base de la famille, le hasard de la rencontre, mais tout de même pas tant que cela. » Pour un libéral, reconnaître et proclamer l’importance et l’indissolubilité du sacrement de mariage, c’est « fournir des armes » aux ennemis de la religion. Tout libéral respecte l’union libre et considère le divorce, d’abord comme un mal nécessaire, puis, comme un presque bien légitimement acquis. Tout comme le révolutionnaire, le libéral ne voit, dans le divorce, que les conjoints. Il ne voit pas l’enfant, c’est-à-dire l’avenir immédiat. Le déchirement de l’enfant par le divorce lui importe peu. Les juifs