fameux dogme de la souveraineté du peuple ; et l’on ne saurait trop en rire, de peur d’être obligé d’en pleurer.
Joignez à cela les forces d’inertie et de paresse, renforcées, dans nos assemblées, par la surabondance et la contradiction de textes législatifs hâtivement votés. Ajoutez-y la tendance naturelle des hommes réunis qui est (s’ils se trouvent ensemble plusieurs fois la semaine) de rechercher, un jour sur quatre, la dispute pour la dispute, et, les trois autres jours, l’assoupissement ; vous comprendrez ainsi comment les questions essentielles, vitales, foncières ne sont pour ainsi dire jamais évoquées à la Chambre ni au Sénat, ou bien sont évoquées par le travers, ou dans un porte à faux. Ce qui passionne de telles assemblées, ce n’est pas l’intérêt public, c’est l’assaut des clans et des personnalités représentatives de ces clans, c’est le jeu d’échecs. À ce jeu, quelques-uns deviennent de première force, soit aux couloirs, soit en commission, soit en séance, et les copains les regardent faire avec ébahissement et envie. Mais ce jeu absorbe toutes leurs facultés, au point de ne plus leur laisser aucun loisir pour la vue nette du bien de l’État, ni pour la détermination consécutive, ni pour l’action. C’est quand le parlementaire est le plus roué, qu’il devient le plus dangereux pour la chose publique. C’est alors aussi qu’il est ministre et président du Conseil le plus fréquemment.
C’est ainsi que le parlementarisme, quant au gouvernement, opère bien une sélection, mais à rebours.