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STUPIDITÉ DE L’ESPRIT POLITIQUE.

tante, qui a maintenu la nation française et l’a empêchée de se dissoudre révolutionnairement, en cent trente ans ? C’est bien simple ; c’est la paysannerie. On peut considérer qu’en paix comme en guerre, le paysan français, non contaminé par la stupidité des « novations » ambiantes, échappant à l’effritement social par le sol, a, de 1789 à 1914, sauvé le pays. Il a maintenu le conglomérat. Il a alimenté la bourgeoisie, versé en elle, à chaque génération, des éléments physiquement et moralement sains, laborieux, parfois généreux, toujours originaux et puissants. Son épargne intellectuelle et morale a rendu plus de services encore peut-être que son épargne monétaire. Il a même résisté à la banque juive et à la presse, ce qui est presque inconcevable. Je ne saurais exprimer l’admiration où me plonge la vue d’une chaumine de chez nous, en Touraine, en Bretagne, en Vendée, en Provence, dans les Vosges, en Savoie, etc… avec sa cheminée, son petit enclos, sa barrique ou sa charrette devant la porte, son murmure d’enfants et de parents, son coq et ses trois poules, son chien, son cheval, ses six lapins. Je me dis que ce petit ensemble, humain et divin, a tenu tête aux assauts de toutes les balivernes meurtrières, à Rousseau, aux Droits de l’Homme, à Kant, à Robespierre, à Bonaparte, à leurs apologistes, à Hugo, au romantisme, aux banquiers juifs, aux politiciens républicains, aux démagogues, aux démophiles, aux sorbonnards, aux salonnards, aux journaux enfin, acharnés à la ruine et à la mort de la race, à l’écroulement de notre bel