Page:Léon Daudet - Les morticoles, Charpentier, 1894.djvu/185

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ROSALIE !
ROSALIE !
ROSALIE !
MERVEILLEUX EFFETS DES MÉDICAMENTS ÉCRITS.
PERSUASION THÉRAPEUTIQUE.
DISCUSSION ET RÉFUTATION DU SYSTÈME BOUSTIBRASIEN.

Trub me désignait, au premier rang dans le bas, le petit docteur Boustibras, sa houppe de cheveux grisonnants, sa barbiche. Serré dans une redingote cloche aux larges boutons luisants, il attendait avec impatience le moment de se déployer.

Des applaudissements éclatèrent à l’arrivée de Foutange. Il était grand, vigoureux, analogue à un perroquet. Le nez accomplissait sa courbe au-dessus d’une bouche assez fine qu’encadraient des favoris blonds, de ce blond qui persiste jusqu’à l’extrême vieillesse. Son ample pardessus de caoutchouc, où s’engouffrait le vent de son éloquence, claquait et dansait à chaque mouvement. Il salua l’assistance, joyeux de la voir si fournie, et commença son discours. Il prenait à témoin ses élèves et les dessins muraux des merveilles qu’allait présenter le nouveau sujet qui…, le nouveau sujet dont… ; il montrait la table chargée de fioles. Puis il saisit une longue baguette terminée par une petite boule et se lança dans une théorie épineuse, désignant successivement les niveaux gradués du puits de l’hypnotisme. Ces explications ennuyaient. Des vagues de bâillements déferlèrent d’un bout à l’autre de la salle ; seules les dames du monde prenaient des notes rapides sur d’élégants calepins.

Enfin Foutange, l’index tendu, s’écria : « Qu’on amène Rosalie ! » Il y eut un frisson dans l’auditoire. La jeune