’ai débuté dans le journalisme au Figaro de Francis Magnard, et je vous ai conté ces débuts. Cette forme de
l’activité littéraire m’a toujours vivement attiré. Dans la
bataille des idées, le journal quotidien représente l’artillerie.
Si son tir est dirigé efficacement, il doit rendre intenables les
positions ennemies. Je parle ici du journal de doctrine. Car le
journal d’information amuse et distrait la masse, mais n’agit pas
sur elle. Étant facilement vulnérables, ces mastodontes sont peu
redoutables.
Aussi, quand notre vieil ami Gonzague Privat vint m’annoncer qu’il prenait le secrétariat de la rédaction de Germinal, nouvellement fondé par le député radical Maujan, et qu’il me demandait deux articles par semaine, je fus enchanté. Songez donc : j’avais vingt-cinq ans, je venais de me marier ; j’avais déjà été morigéné par Mme Séverine pour m’être battu avec les sergents de ville, traité par d’autres d’incapable et de fils à papa, parce que j’étais entré dans la famille de Victor Hugo, accusé d’avoir fait écrire mes deux premiers livres, Germe et poussière et Hœrès par mon père et ma mère, et je me rendais