Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/150

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il y a deux parts : l’enseignement des connaissances primaires, inerte, et l’enseignement moral, sensible. Ce n’est pas la géographie ni le calcul plus ou moins justement serinés qui influencent l’enfant pour toute la vie, ce qu’un enfant subit de grave à l’école, c’est la culture des sentiments. Il apprend à vouloir ou à refuser. Il ne fait que tâter constamment avec l’instinct ce qui convient ou ne convient pas à sa propre pousse. Je me représente d’imperceptibles prolongements de nerfs dans l’espace, fouillant, s’allongeant, se retirant à la manière des cornes d’escargot. L’école propose des préférences, des habitudes, des directions à ces invisibles tentacules nerveuses.

Comment, à la fois, montrer à l’enfant du possible à aimer — et rejeter l’erreur routinière de lui rendre chères sa servitude, ses tares ?

Justement hier, — non, avant-hier, — M. le délégué cantonal, dans une conversation avec la directrice, a émis cette opinion.

On n’introduit rien dans un enfant ; il possède des germes, les uns ataviques, les autres actuels, que l’on développe ou que l’on étouffe, pas plus…

Très juste ! mais cela n’améliore pas l’enseignement.

M. Libois s’approchait machinalement du lavabo où j’étais occupée. J’ai eu l’impression qu’il haussait la voix, qu’il façonnait sa phrase, pour que la directrice ne fût pas seule à jouir de son discours. La normalienne était dans le préau.

Je lavais une bosse, dans les cheveux d’un bam-