Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’éloignaient, approchaient encore : Mistigris était dans l’arbre auprès d’un nid où les petits montraient leur bec et c’était le père et la mère qui criaient pour le chasser.

» Aussitôt la vieille dame, tout effrayée, appelle Mistigris ! Mistigris ! mais il ne veut pas venir, alors elle cherche quoi faire, elle ramasse des cailloux et les lance entre les branches.

» Mistigris tourne bien la tête brusquement, d’un côté, de l’autre, comme un malfaiteur inquiet, mais les cailloux ne l’atteignent pas ; il se jette sur le nid et vite, vite, il croque les petits, malgré l’égosillement affreux des deux mésanges.

» Il descend de l’arbre, en voulant avoir l’air ignorant et tranquille ; mais, avec des précautions de poltron, il avance une patte, puis l’autre, lentement.

» Dès qu’il est par terre, la vieille dame, pleurante et indignée, le gronde sévèrement.

» C’est abominable ce qu’il a fait là, et il n’a pas d’excuse, il venait de déjeuner ; et quand même il aurait eu faim, jamais, jamais il ne devait manger les petits oiseaux.

» Mistigris rampait, levait à moitié sa tête sournoise ; il voulait faire croire qu’il ne savait pas : on lui avait appris que c’était bien d’attraper les souris, alors il attrapait toutes les petites bêtes.

» Non ! la dame disait qu’il ne devait jamais tuer, même des souris ; car les souris sont de pauvres animaux qui ne font pas grand dégât.

» Et elle le chassa en jetant son dernier caillou :

— Allez-vous-en, vilain monstre !