Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/193

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tous ces enfants des autres, à voir tous ces gens qui possèdent des enfants. Je voudrais posséder aussi.

Le mal est plus grave que l’on ne croirait ; je n’ose l’avouer : « J’ai fait un nid ! » J’ai disposé un coin de ma chambre pour recueillir d’aventure un enfant abandonné… j’arrange des bouts de chiffons… Un précédent existe, juste dans la famille : mon oncle a longtemps gardé une vieille tourterelle apprivoisée qui couvait un œuf en bois, à repriser les bas…

J’ai signalé une espèce très commune dans les quartiers pauvres : des enfants à visage pointu, front pointu, nez pointu, menton pointu ; comme si, à pleine main, on en avait pincé la cire blette. Ah ! oui, la cire ! Car on ne peut guère nommer chair cette substance décolorée, creuse, où transparaissent quelques veines ténues, bleuâtres. Et ces visages d’enfants n’expriment que l’incapacité ; leur seul caractère, c’est la laideur, même pas excessive. Voilà une régénérescence qui s’impose !

La voyez-vous, grandie, cette élève à figure pointue ? appelez-la Berthe Cadeau, ou Gabrielle Fumet : une couturière osseuse et graillonnante, au long nez pointillé comme ses doigts, dédaignée par la débauche même ; tenez, elle habite là, sur mon palier, dans la chambre voisine de la mienne : une pauvre assassinée, n’ayant jamais rien osé, dont le masque hébété s’effraye lorsqu’on parle du mieux à revendiquer.

Eh bien, en guise de régénérescence par l’école,