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Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/198

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de rendre convenable, polie, résignée, la misère physique et morale ? Habile résultat, certes, à un point de vue spécial… mais enfin je croyais que l’on devait redresser, développer, armer cette enfance inférieure ?

Allons, tout le monde ensemble : le salut — puis les mains au dos… Ah ! la belle uniformité !

La pauvreté, le vice, la maladie ont enfanté ; la misère humaine a enfanté, elle vous envoie sa progéniture, avec des supplications… Vous rangez par grandeur, par grosseur, par âge, vous dites : « Soyez bien sages, ne bougez pas ! » Puis : « Exécutez bien tous le même mouvement, attention ! »

Et l’alcoolisme, la tuberculose, la fringale, la névrose, le rachitisme contorsionnent en chœur le même simulacre !

Ainsi, font, font, font, les petites marionnettes !…

7 février. — Ma mauvaise chance s’accentue. Décidément je ne trouve plus de justice nulle part ! Ne me semble-t-il pas que les punitions infligées aux enfants manquent trop cruellement de mesure !

Enfin, que l’on réfléchisse : la même punition est bénigne ou monstrueuse selon la sensibilité et la condition de l’enfant. Ici encore, avant de sentencier, il faudrait envisager la monographie des administrés.

Parbleu ! cette étude individuelle est impossible et l’éternel résultat se produit : les peccadilles sont terriblement châtiées, les grosses fautes sont presque exonérées. (Ces dernières appartiennent aux