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Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/208

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Écroulée sur un banc, en face de lui, j’ajoute, la voix dure :

— Tu comprends, ça ne m’amuse pas de poser là pour toi.

Des mains qui se précipitent, battent l’air, implorantes ; un bégaiement :

— Ma… ma… maman va venir tout de suite… attends encore un peu… tiens, écoute, on l’entend qui marche.

— Non, non, je ne veux pas attendre.

Tricot quitte son banc ; piétinement affolé.

— Si, si… écoute, elle est arrêtée à la porte qui parle…

De vagues roulements de voitures traversent le silence. Il lève l’index et tâche de me « donner le change » : Ah… ah…

— Non !

Je sors un trousseau de clés de ma poche.

Le menton de vieille femme danse et les yeux extravagants m’enveloppent tout entière pour m’empêcher de fuir.

— Je… je te raconterai une histoire, veux-tu ? Je te raconterai la fête de Ménilmontant ; pendant ce temps-là, maman arrivera.

— Non…

— Dimanche, je t’emmènerai à la fête. Tu verras les manèges de cochons, il y en a de gros comme un cheval… et des noirs… mais les blancs sont bien plus drôles, avec la queue en ficelle… et tu sais… la tête remue pour de vrai !

— Non.